Opération cuisine 1.5 : à la découverte de la cheminée perdue

Publié le par Yoghourt

Cheminée cuisine 0

Premier mouvement sur le théatre d'opération : on déménage!

 

Le plus gros est déplacé dans le salon. (Non, on ne parle pas de moi, là.)

Le plus lourd est bâché. (Non, c'est toujours pas de moi qu'on cause.)

 

Mazette, la cuisine fait bien vide, d'un coup! Et encore, on n'a pas tout vidé pour l'instant, comme ça se voit sur la photo.
En parallèle, le salon se remplit, se remplit... C'est fou tout ce qu'on a mis dans la cuisine...

 

Vous voyez les jolis murs en finition cirée? Pour les murs d'enceinte, c'est un doublage plaque de platre / laine de roche collé au "mortier adhésif" (sorte de plâtre-colle avec pleins d'adjuvants inconnus).

 

La cuisine, c'est l'effort héroïque du précédent propriétaire des lieux. Il l'a isolée (doublage 4cm de laine de roche), refait l'électricité (ça signifie poser -mal- quelques prises avec une terre repiquée on ne sait où), fait un plan de cuisine (posé sur des plaques de plâtre taillées et des tasseaux qui ont tendance à se faire la malle comme on peut le voir sous l'évier), et toutes les finitions (enfin, la finition cirée, le carrelage, et peut-être les quelques étagères). La finition, de style un peu provençal, est plutôt sympa.
(Le carrelage...) Mmm? Quoi le carrelage? Ah, pardon, oui, il est beau, effectivement. Et plutôt bien posé. Il date d'avant les travaux du précédent propriétaire.

 

Tous les murs d'enceinte de la cuisine ont été isolés par l'éxtérieur, il y a quelques années. Le doublage apporte en théorie un complément d'isolation au prix d'une perte théorique de fraicheur.
Ca, c'est la théorie, qui suppose une pose impeccable. En pratique, le doublage a été posé par l'ancien proprio comme ailleurs dans la maison. C'est à dire très mal.

- l'isolation est assez ridicule : 4cm. Cest inférieur aux préconisations de la RT2000 alors que ces travaux datent de 2002-2003. C'est d'autant plus lamentable que la pièce a un plafond à plus de 3m et un sol sur terre-plein, ce aurait dû motiver une forte isolation.

- la pose par plots de mortier adhésif fait que l'isolant n'est pas plaqué au mur.

- le doublage ne va pas jusqu'au sol.

- le vieux papier peint n'a pas été retiré avant la pose 

- il y a de l'électricité pas très bien isolée qui se balade en pied de mur derrières les plinthes. 

 

Choses qui ne se voient pas sur la photo :

- la borne de terre sur les prise est un repiquage à deux balles

- il y a des fissures non traitées avant pose du doublage. Y compris celles qui traversent le mur de part en part, qui n'ont même pas reçu de joint. Super pour faire un repère à fourmis et autres petites bêtes. Très beau piège à humidité voire gel à coeur. 

Allez, j'arrête de m'agacer sur le sale boulot du précédent propriétaire. Je ferai un bétisier un de ces 4... A sa décharge, les complexes d'isolation sont -relativement- peu cher, se posent vite sans demander une grande technicité. Et, à mon sens, sont en pratique une cochonnerie qui fait mal vieillir le bâti.Cheminée cuisine 1

 

Sur la façade extérieur côté cuisine, il y avait des briques montées en parement pour évoquer un conduit de cheminée. Au sommet, sur le toit, une souche avec deux conduits. Comme il n'y a qu'une seule pièce au-dessus de la cuisine, cela laissait deviner l'existence d'un conduit débouchant dans la cuisine. Mais où? En hauteur ou en pied de mur?

Allez hop, un coup de scie à main et de pied de biche. Qu'y-a-t-il derrière le doublage? Un mur. Je tapote à la massette...

Tiens, ici ça sonne creux... Je dégage soigneusement la couche d'enduit plâtre, et trouve des briques plâtrières derrière. Je continue de dégager jusqu'à tomber sur de l'enduit chaux et du béton de chaux. Ok, c'est la limite du pied de conduit. Allez, je dégage en douceur les briques plâtrières.

Ca y est, le conduit est là. Humpf... Pas du beau boulot, tout ça :

- boisseau de départ "découpé" au burin ou au marteau

- les boisseaux sont 1 couche et sont "directement pris" dans la maçonnerie. Quand le conduit se dilate, clac, la maçonnerie environnement se fissure le long du conduit.

- enduit plâtre de partout. Il faut savoir que le plâtre est du gypse cuit à 200°C. C'est pour ça qu'on ne fait pas la fumisterie en plâtre! L'enduit plâtre du débouché de conduit est jauni, voire noirci, et très friable. Il a recuit

- débouché de conduit en brique plâtrière de faible épaisseur. Assez fragile pour la montée en température, surtout avec l'air emprisonné qui se dilate. Passons...

- la dimension du débouché du conduit a été réduite vis à vis de la taille du trou d'origine.

- pas de voute à proprement parler, ni de linteau. Surprenant et pas génial.

 

Au fait, j'ai retrouvé ma truelle "langue de chat" que j'avais fait tomber dans la souche 3 ans auparavant . Rouillée, pas en mauvais état. Elle est récupérable, chic! J'ai aussi trouvé un petit tas de mortier couleur ciment. Mmmm... Nous avons fait refaire la souche en brique par des maçons. Ce tas de mortier me semble un peu gros pour de simples coulures des joints lors du montage des briques. Bah, on verra plus tard.

 

Cheminée cuisine 2A l'origine, le pied du conduit devait ressembler à une alcove d'une petite cheminée à foyer ouvert. Puis il a été fortement réduit. L'enduit plâtre alentour ne porte aucune trace de bistre, suie, ou montée en température. J'ai du mal à imaginer à quoi ce pied de conduit réduit était relié. C'est trop large pour un tuyau de poële ou une "trappe de ramonage". Trop petit pour un foyer ouvert. Peut-être une petite cheminée à foyer ouvert qui aurait été apposée au mur? Mystère...

 

Je continue la purge. Tiens, une sole. Peut-être celle d'origine. Ah, c'est étonnant, elle part sous le carrelage, et est apparemment posée sur du gravier. Pas cool. Si elle "bouge", le carrelage collé dessus risque de casser.

 

Cheminée cuisine 3Alors? A quoi ressemble le conduit vu du bas?

A ça :

 

Bonne surprise, le conduit est propre, vacant. Et il semble bien droit. C'est large et étroit. Etonnant. Dimensions? Environ 15-16cm x 25cm. Ah oui, quand même! Ca risque de jouer sur ce qui est possible de poser comme tubage. J'espère qu'on pourra éviter les tubages ovales : ça coûte un oeil!

 

Il est temps d'aller regarder à quoi ressemble le conduit vu d'en haut...

 

Cheminée cuisine 4 J'avoue ne pas avoir visité cette souche depuis les travaux des maçons. Pas génial comme résultat.

- Je savais déjà qu'il avaient fait une souche nettement trop petite : elle arrive juste au niveau du faitage du petit toit.

- Je découvre qu'il n'y a pas de séparation entre les deux conduits.

- Il y a un crépi ciment bien rugueux à l'intérieur. Au passage, le tas de mortier au pied du conduit vient de ça.

- Vu de près, les briques ont été montées au ciment, les joints de finition sont lissés au lieu d'être ferrés.

 

Autant de points à l'ouest vis à vis de la règlementation.

Si le conduit devait être utilisé sans être tubé, bistre et suie s'accrocheraient dans le crépi, rendant ça impossible à ramoner correctement. Peu de risque de feu de cheminée dans la souche si c'est ramoné suffisamment souvent. Par contre, vieillissement prématuré de la souche à cause du bistre acide accumulé qui migre par capillarité dans les joints et surtout dans la brique.

Avec un conduit qui risque de refouler suite à une souche trop petite, et l'absence de séparation entre les deux conduits, la fumée refoulerait dans l'autre conduit.Cheminée cuisine 5

 

Voici une photo de ce qui reste de la souche en brique d'origine, qui est dans l'emprise des combles perdus. On voit de vieilles efflorescences côté intérieur. On voit que c'est blanc  couleur chaux, sans trace de ciment. Pour une maison centenaire, ce n'est pas en trop mauvais état. Au passage, on voit que le conduit en boisseaux est relativement droit, propre, vacant.

 

En comparaison, le travail de "mes" maçons ne date que de 5 ans, et on commence déjà à voir des signes de sa médiocrité.

Un petit peu de mousse s'est accrochée dans quelques joints lissés. Pourquoi? parce que les joints lissés sont un peu  lessivés par la pluie et deviennent granuleux. Un joint ferré est plus lisse en surface, plus serré. Son profil en rond creux fait que la pluie s'y accroche moins. C'est pour cela qu'il est préconisé par la règlementation. En plus, le ciment est -si je ne me trompe- moins basique que la chaux. Or la mousse aime les milieux neutres à acide.

 

Enfin, il y a déjà des traces blanches sur les briques côté extérieur. Des efflorescences en forme de coulure calcaire. Ca ne date pas du montage des briques : la souche avait été bien nettoyée. C'est arrivé après. La raison est très simple : quand il pleut, la brique pompe de l'eau liquide. Les joints aussi, dans une moindre mesure. L'intérieur étant crépi au ciment, l'humidité a du mal à partir de ce côté. Elle va essentiellement repartir par l'extérieur. Or le ciment est beaucoup beaucoup moins capillaire que la brique. La brique, entourée de ciment, va faire comme une éponge dans une cuvette en plastique. Elle va récupérer toute l'humidité environnante sous forme d'eau capillaire (liquide), qui emporte au passage des solutés minéraux. En surface, l'eau s'évaporera ou coulera, selon les conditions météo. Les minéraux, eux, ne s'évaporent pas, et s'accumuleront. C'est un peu le même mécanisme que les fontaines pétrifiantes, ou les traces de calcaire dans les toilettes. Outre l'aspect esthétique bien môche de coulures gris-blanc sur des briques rouges, les pores des briques vont progressivement se boucher. Et, à la longue, c'est un excès d'eau capillaire qui gèle et fait éclater la brique. Mauvais karma...

La règlementation préconise d'utiliser du mortier bâtard, c'est à dire un mélange de chaux et ciment. Quelle chaux? Dans quelles proportions? Chaux hydraulique NHL-3 en proportion 1/1 jusqu'à 3/1.  C'est ce que disent le CSTB, les chaufourniers, les fabricants de boisseaux, ... Evidemment, ce n'est pas l'avis de Lafarge, Vicat, et tous les amoureux du ciment, à qui l'onduit assurément les 10-15% ridicules écrit dans le mini-article de wikipédia. Le mortier bâtard est nettement plus capillaire et perméable à la vapeur d'eau que le ciment. L'eau de pluie absorbée va alors être drainée par les joints. Attaqués en surface par l'acidité de la pluie, ils seront renforcés par les efflorescences calcaires, tout en préservant mieux l'aspect esthétique et la durée de vie des briques.
(ça et la comparaison des différents types de joint en faveur du joint ferré en demi-rond, c'est ce qui ressortait d'un excellent article de synthèse. Si je le retrouve, promis, je le publie ici)

 

Allez, zou, il y a le reste du placo-laine de roche à virer...

Publié dans Maison

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J
Quel article ! On aurait presque dit une chasse au trésor ! Je trouve les anciennes cheminées très belles. Le système de chauffage au bois reste l’un des plus accessibles, je crois. J’ai trouvé une comparaison sur cette page de prêt travaux : https://www.sofinco.fr/projet-credit/pret-travaux.htm . Toutefois, il me semble que l’insert fermé à un plus grand rendement que les foyers ouverts. Comptez-vous remettre la vôtre en état de marche ? J’aimerai bien savoir comment vous avez fait ;)
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M
Hello, c'est en attente, car le conduit devra d'abord être intégralement refait.
A
J’ai toujours rêvé d’avoir une cheminée :). Je pense que mon chez-moi en contiendra une. Je pense d’ailleurs emménager à la campagne, ce serait idéal pour moi !
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O
Perfect. I saw here a completely new and contemporary designed kitchen furnishings and stock items.It is well designed,crafted and executed. I am trying make one like this for my own.
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