Frein-vapeur, pare-vapeur, ou micro-porosité?

Publié le par Mayar

Petite comparaison de résistances à la diffusion de vapeur d'eau
- frein-vapeur proclima DB+: Rd=1.2e10 m².s.Pa/kg
- panneau rigide de laine de verre + pare-vapeur ursa PPK41: Rd = 8.1e9 m².s.Pa/kg

Conclusion: le pare-vapeur honni est en fait moins étanche à la vapeur d'eau que le frein-vapeur béni!!!
Conséquence:
- y'a tromperie concernant l'absence de condensation en contruction conventionnelle moyennant pare-vapeur usuel. Cf les courbes "isol avec FV" de ma feuille de calcul .
- y'a tromperie sur la soi-disant plus grande perméabilité à la vapeur d'eau du frein-vapeur vis à vis d'un pare-vapeur. Y'a donc besoin d'une pose bien étanche du frein-vapeur. Les avantages par rapport aux composites isolant+pare-vapeur sont:
    + la plus grande facilité à faire les joints et les débords
    + le nombre moins important de joints

- Le frein-vapeur est censé être microporeux et homogène. Si c'est le cas, ça signifie qu'il peut être traversé par l'eau liquide, par capillarité.
- Pour le pare-vapeur, ça dépend de la façon dont il est fait. J'ai de gros doutes sur les PVs avec des petits trous, par exemple.
- A part ça, y'a pas de différence fondamentale entre les 2!!!

Si le machin-vapeur est micro-poreux, et l'isolant capillaire, et qu'il n'y a pas de rupture de capillarité, il provoque une accélération des mouvements d'eau capillaire. Pour que la magie fonctionne, il faut alors un parement micro-poreux lui-aussi. Sinon le mouvement d'eau ralentit. Donc risque potentiel de "mouiller" le parement à la longue. A moins de ventiler comme un fou, évidemment.

La mise en place d'une lame d'air non ventilée entre machin-vapeur et parement provoque une augmentation locale de l'humidité absolue. Combien? Quelles conséquences? Hum.... La suite de cette ligne de réflexion sur forum futura-sciences...

Dans le cas de mes murs, mettre un machin-vapeur divise par 2 le flux de vapeur côté intérieur. Pas d'impact ou prou sur le flux de vapeur extérieur (après le point de rosée). Donc ça fait a priori 2x moins d'eau qui se ballade dans la paroi.
Sauf si le machin-vapeur n'est pas continu ou s'il a des points de faiblesse (des trous, quoi). Et blam, les ennuis recommencent...

La principale qualité attribuée au frein-vapeur "idéal" est de freiner sans bloquer ni concentrer les flux de vapeur.
Si le mur est peu perspirant (condensation possible sans FV ou PV), cette qualité est inutile.
Or, qui dit freiner significativement le flux de vapeur d'eau signifie aussi faire ressortir le pb de continuité et le pb des points de faiblesse. Ca signifie une surpression de  vapeur aux points  faibles, et  une dépression de vapeur derrière  le FV.  Dans le cas de ma maison, les murs n'évacuent pas bézef de vapeur. La vapeur va donc lentement migrer via l'isolant depuis les zones en surpression vers les zones en dépression jusqu'à  s'équilibrer. En fait, c'est l'isolant qui va freiner la vapeur entre les points de faiblesse du FV!
A moins de ventiler ensuite comme un fou, y'a pas de raison que le flux de vapeur s'inverse et aille du mur vers l'intérieur. Bilan: on s'est fait véritablement chier à poser un frein-vapeur idéal plutôt qu'un pare-vapeur, et on continue de faire pipi dans sa culotte en espérant tout va bien se passer...

Pas glop.

Sur mur peu perspirant, a la place du FV ou PV, je propose isolant capillaire et micro-porosité sans FV.
Pas de point de faiblesse ni de résistance franche à la diffusion de vapeur d'eau. Donc pas de zones en surpression ou dépression. Donc pas de flux innoportun de vapeur d'eau.
Par contre, le flux de vapeur côté intérieur est 2x plus important. Faut pas prendre peur, ça fait pas grand chose quand même: 2g d'eau/m²/jour, soit donc 2 gouttes d'eau!
Pour gérer ça correctement, il faut forcer la capillarité vers le côté intérieur. C'est à dire des pores de + en + petits depuis l'isolant vers le parement. Et idéalement un parement micro-poreux qui ne craint pas d'être un petit poil mouilllé
Par contre, je ne remets pas en cause le choix du machin-vapeur pour les pièces à forte humidité ponctuelle (genre SdB, cuisine, WC).


Ajout du 25/1/7

J'ai commencé à faire des simulations avec le logiciel WUFI. La stratégie avec isolant capillaire et sans FV fonctionne, mais pas suffisamment: le mur est plus humide qu'avant isolation, et sa capacité d'assèchement nettement réduite.
A creuser:
- utilisation d'un simple kraft en guise de frein-vapeur micro-poreux
- confronter les résultats de WUFI à un autre simulateur
- vérifier si l'enduit platre-chaux utilisé a des caractéristiques suffisamment proches d'un enduit terre

Publié dans Réflexions diverses

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R
<br /> Bonjour,<br /> Je suis très admiratif devant votre tableau thermique et vos bilans hygrothermiques mais je suis complètement démuni! Je me permets de vous demander conseil pour profiter de votre expérience. Voici<br /> : je voudrais isoler  par le plafond une cave (semi-enterrée sur deux côtés) dans une ancienne maison de pierre.  Ce plafond est  un plancher qui repose sur des solives espacées de<br /> 42 cm et de 25 cm de  hauteur. Sur ce plancher-plafond(!) repose carrelage ou parquet selon les pièces de l'étage au-dessus. J'ai consulté des  vendeurs (domus, etc.), des  artisans,<br /> etc. :  aucun ne me donne la même réponse! L'un me dit que le mieux est de fixer un frein-vapeur sous les solives et d'insuffler de la ouate  sur 24 cm : pas besoin de frein-vapeur contre<br /> le plancher, aucun risque de condensation. Un autre me dit  qu'il faut placer un frein-vapeur entre chaque solive , collé au plancher, puis mettre de la fibre de bois. Un troisième me dit que<br /> la fibre de bois suffit , qu'il n'y pas de risque de condensation……Je suis complètement perdu par ces avis contradictoires. Je n'ai pas envie de faire pourrir mes solives et mon plancher bien<br /> évidemment, mais la pose  d'un frein-vapeur vraiment étanche  paraît très difficile ( jointement entre murs et solives, etc.)  J'ai mesuré l'hygrométrie de ma cave en septembre :<br /> moyenne 73%,  au-dessus ,dans les pièces,  en moyenne : 50%. Ma cave peut être ventilée (soupiraux) et elle n'est pas froide  (enfin, relativement! Toujours qq degrés au-dessus de<br /> zéro même en plein hiver). Les pierres de la maison : calcaire assez tendre.<br />  En ce qui concerne les combles j'ai pensé à soulever une lame du plancher du grenier (2,5cm  sur des  solives de 24 cm au-dessus des plafonds de plâtre des pièces du dessous) pour y<br /> souffler de la ouate de cellulose. là encore, l'un me dit qu'il faudrait un frein-vapeur, l'autre , non……<br /> <br /> Je vous serais très reconnaissant si vous pouviez me donner votre avis par email : je fréquente difficilement internet…<br /> Avec mes meilleurs sentiments<br /> Maxime Rach <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Bonjour Maxime,<br /> <br /> Si je schématise, vous vous posez la question d'un frein-vapeur et où le mettre dans le cas d'une paroi isolée côté froid. Autrement dit, une sorte d'isolation extérieure sans parement.<br /> Et bien, pas besoin de frein-vapeur dans ce cas de figure (confirmé par calcul avec 19°C/50% HR côté intérieur et 5°C/75% HR côté cave). Prévoyez juste un pare-poussière pour l'étanchéïté à l'air<br /> et à la poussière.<br /> Il faudra juste veiller à ce que la cave soit un minimum ventilée afin que l'humidité relative ne monte pas au-dessus de 75% max. Et même 70%, ce serait mieux, vu qu'il y a toujours des endroits un<br /> peu plus humides que d'autres.<br /> <br /> Cordialement,<br /> Yoghourt<br /> <br /> <br />
J
Bonjour,Je n'ai pas parcouru tout votre site et je n'ai pas fini de lire les 91 pages relatives à l'isolation en ouate de cellulose sur le forum.Ma question est la suivante : doit-on obligatoirement poser un frein-vapeur sur le plafond en placo lorsque l'on a des combles perdus (type fermette industrielle en W).Je souhaite refaire mon isolation avec de la ouate de cellulose en vrac...Et je mesure les difficultés à poser un frein vapeur avec le nombre d'obstacles dans mes comblesMerci d'avance de votre expérience et expertiseCordialement,Jean-Christophe
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Y
<br /> Bonsoir,<br /> Si les combles perdus sont correctement ventilés, ce n'est pas nécessaire en soi.<br /> Attention néanmoins à prévoir un pourtour de 50 à 75cm en frein-vapeur à la liaison mur-plancher de comble en cas d'isolation intérieure, afin d'éviter que la vapeur intérieure n'aille condenser<br /> sur le mur en passant par le plafond.<br /> Cordialement,<br />    Yoghourt<br /> <br /> <br />
P
michelleetyanj'aime bien ton site,très beaucoupmais tu devrais rajouter qqchose (de bio) pour le mal de crane....c'est compliqué de tout comprendrepeut être qu'il est trop tard dans la nuit chaque fois que je le consulte ou bien suis-je trop con..ne dis pas : "mais non...."je suis tes progrès ..autour de ta fenètre de toit, t'as quelle épaisseur d'isolant? ça parait epais?et en bordure t'as utilisé quoi?bonne nuitphil
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Y
Euh, oui, désolé. Au début du blog, je me suis posé la question de son style. L'habitude, c'est les petits commentaires fleur bleue style "je raconte ma vie de maître d'ouvrage", et les jolies images. Oui mais voilà: on ne sait rien des détails importants, et on ne les voit pas. Brefle, c'est assez pauvre en information.J'ai choisi le côté obscur, style "je raconte ma vie de maître d'ouvrage, maître d'oeuvre, bricoleur, tâcheron".Y'a des jours où la foultitude de micro-détails me sort par les oreilles. Tel Dumbledore et sa pensine, le blog me sert aussi à décharger en partie ces connaissances. Histoire que ce soit plus facile de se rappeler  "comment j'ai fait ça, déjà?" la prochaine fois que j'ai besoin de refaire la même chose.Je crois que ça tient plus du mode d'emploi que du blog "chantier maison" habituel. Donc plus facile à lire quand on est pile en train de se poser les mêmes questions.Autour de la fenêtre de toit, y'a 22.5cm, plus calfeutrage de la lame d'air sous-tuiles.Pour la bordure, euh, je vois pas ce dont tu parles (oops)